
En octobre 2003, le major Maniora intervient avec ses hommes sur un feu de bâtiment agricole à Saint-Romain-en-Jarez. Après une heure de lutte contre les flammes, c’est l’explosion. Terrible, qui broie le béton, enchevêtre les poutres de fer, souffle les vitres et toitures de 86 maisons alentours. Trois à cinq tonnes d’ammonitrate, un engrais chimique agricole, viennent d’exploser. 18 pompiers sont blessés, trois grièvement. Dont le major Manioria.
De nombreuses blessures
Cinq fractures à la colonne vertébrale, le bras droit et un fémur démis, la hanche atteinte, un tympan qui le prive d’audition, des brûlures sur le corps. Patrick Maniora quitte l’hôpital au bout d’une année de multiples opérations et de réduction. Il a 45 ans et se retrouve paraplégique. L’ex-pompier parvient à gagner son combat contre l’immobilité : aujourd’hui, il a retrouvé l’usage de ses jambes et de son bras.
Un autre combat, tout aussi âpre, l’attend, celui de la reconnaissance « suffisante » du handicap. Là, Patrick Maniora voit rouge : « J’ai mené une bataille juridique de huit ans et je n’ai pas gagné. À Toulouse, une victime de l’explosion d’ASF, de même nature que celle dont j’ai été victime, a reçu 500 000 euros de la compagnie Total. Moi, rien, à l’exception des 30 000 euros de la Fédération des pompiers. »
Le nœud du problème tiendrait au fait que la responsabilité de l’arboriculteur qui détenait les produits chimiques n’ait pas été retenue : les quantités correspondaient à la législation. Pas de responsabilité, donc pas de dédommagement.
Aujourd’hui, dans l’impossibilité de travailler, Patrick Maniora perçoit une pension de 692 euros. « Si mon invalidité était reconnue à 80 %, je toucherais 200 euros de plus par mois. Ce n’est pas énorme mais pour moi, c’est beaucoup. Et j’aurais les quelques avantages de la Carte orange ».
Ce matin, Patrick Maniora écrira au président Hollande, comme il l’avait fait précédemment au président Sarkozy (lettre restée sans réponses). La solution serait désormais au niveau de la Caisse des dépôts et consignation qui vient de rejeter sa demande.
« Si le président Hollande ne m’apporte pas de solution, il ne me restera la grève de la faim pour alerter l’opinion sur le sort réservé aux pompiers blessés en intervention. »