Bouaké, la grande ville du centre de la Côte d’Ivoire, manque d’eau. Rien ne coule des robinets et la population est condamnée à trouver des substitutions, en retournant puiser l’eau.
Si la sécheresse a accéléré la pénurie, la situation est loin d’être une surprise tant la gestion de l’eau est catastrophique.
Bouaké, un million et demi d’habitants, a soif. L’eau consommée provient de deux barrages dont le principal, celui sur la rivière Loka, fournit les 3/4 de la ressource.
D’une capacité de 33 millions de mètres cubes d’eau, il est aujourd’hui à sec, à un niveau qui ne permet plus de fournir de l’eau potable.
“Les précipitations annuelles de l’ordre de 1200 mm sont réparties de fin mars à novembre. Les quatre mois de saison sèche au cours de laquelle souffle l’harmattan venant du Sahel provoquant une évaporation intense, nécessitent l’aménagement de réservoirs destinés à couvrir les besoins en eau” explique l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
La sécheresse qui sévit depuis 2016 est une des causes de la mise hors-jeu des barrages, mais pas seulement. Depuis avril 2017, la situation était préoccupante. A l’époque déjà, le barrage n’était qu’à moitié plein, un niveau jamais vu depuis sa construction en 1964.
Car les rivières qui alimentent le bassin versant de la Loka n’apportent plus d’eau. La faute à l’activité humaine, et plus précisément à la multiplication des carrières de sable dans la région. L’eau des pluies ne ruisselle plus vers les cours d’eau, mais disparaît dans les entrailles de la terre.
L’autre cause de ce manque d’eau est la gestion de cette ressource. Le réseau est vétuste et manque d’entretien reconnaît le Ministre des infrastructures économiques. Selon lui, le problème repose davantage dans la distribution que dans la production.
Dans l’urgence, on creuse des puits. Dix forages sont en cours qui devraient fournir 2000 m3 d’eau par jour. En attendant la fin des travaux, on livre l’eau potable dans des camions-citernes dans les beaux quartiers. On récupère l’eau de pluie dans des bassines.
Pour les plus pauvres, la corvée d’eau refait surface et provoque la colère de la population qui ne peut se payer d’eau en bouteille.
Mais si à Bouaké la situation est critique, Abidjan n’est pas épargnée non plus. Dans les deux cas, la forte augmentation de la population est aussi un facteur de déséquilibre entre l’offre d’eau potable et la demande.
Source: franceinfo